lundi 10 avril 2017

États d’âme

États d’âme

Ce blog est municipal, mais je me permets ce billet concernant les élections présidentielles. En effet, le spectre offert aux électeurs est vraiment très large et j'avoue qu'il peut être difficile de faire son choix.
Pour ma part, le choix est fait, il est de fidélité, j'appartiens au parti socialiste, qui a décidé de choisir son candidat par l'intermédiaire d'une primaire. Cette primaire j'ai aidé à l'organiser sur la communauté de communes, ou nous avons ouvert 4 bureaux de votes. Je suis resté neutre mais les candidats dont je me sentais le plus proche étaient dans l'ordre Montebourg et Hamon. J'ai donc personnellement été satisfait de résultat. Comme beaucoup, j'ai regretté que Mélenchon ou Macron ne participent pas, ce qui aurait rendu les choses beaucoup plus simples par la suite. La suite a rapidement montré que Macron n'y aurait pas eu sa place car son ni droite ni gauche s'est rapidement éventé, ne serait-ce que par le rapprochement avec Bayrou et il est clairement un candidat de droite.
Le projet de Benoît Hamon s'adresse à l'intelligence, il faut prendre le temps de le lire ou de l'écouter. Il a une vision détaillée des transitions auxquelles notre monde est confronté. Ces transitions sont de différents ordres, il y a les changements dans le monde du travail, liés au numérique, au vieillissement de nos sociétés. Il y a la conscience de ce que le comportement humain et nos modes de production produisent comme dysfonctionnements au niveau de la planète. Et surtout, il montre une certaine humilité et une bienveillance qui est nécessaire par ces temps ou tout semble prétexte à dispute ou vocifération. Le monde a assez de violence en lui pour vouloir en rajouter, en désignant les uns ou les autres, en les accusant de tous les mots. 
Il faudrait être aveugle pour ne pas voir les convergences entre les programmes de Benoît Hamon () et de Jean-Luc Mélenchon (ici). Et l'arithmétique fait qu’une qualification au second tour serait quasi acquise si ces deux-là se rassemblaient. Mais est-ce que les votes s’additionnent vraiment. Rien n’est moins certain. La question d'une alliance, d'un ralliement de l'un à l'autre a été posée, dans un sens il y a quelques semaines, dans l'autre maintenant. Je dois dire qu'en conscience, je me pose moi-même la question. Est-il possible pour Benoît Hamon de dire, je jette l'éponge sans condition, sans discussion. Et est-ce que je le souhaite? Je pense que non. Il y a un certain nombre de points qui différencient considérablement les deux candidats. Et ce sont des points qui sont loin d’être anodins.
L’Europe. Même si l’Europe est imparfaite, l’Europe est une force pour nous, une entité protectrice, une capacité d’investissement sur laquelle s’appuyer pour les grandes transitions à venir qui nécessiterons de gros investissements, comme celle de la conversion écologique et durable de nos industries, de nos productions d‘énergie. Vouloir une épreuve de force avec l’Europe comme le propose Jean-Luc Mélenchon, menacer de la quitter, de quitter l’euro en cas de refus de satisfaire à nos exigences est quelque chose qui me semble insensé. Alors bien sûr il faut travailler à changer l’Europe, mais je suis persuadé que nous aurions beaucoup plus à perdre qu’à gagner si nous la quittions.
La rengaine de la table rase et du "qu'ils s'en aillent tous" qu’on trouve de manière récurrente dans le discours de Jean-Luc Mélenchon est assez désagréable à entendre et suppose qu'on mette tout le monde dans le même panier. C'est profondément injuste au même titre qu'on trouve injuste les punitions collectives. Une certaine tendance à croire aussi que celui qui parle le plus fort a raison, en assénant ses vérités. En tant que scientifique de culture, ma tendance naturelle est plutôt dans le doute.
De même en matière de relations internationales, j’ai du mal avec un certain nombre de prises de position de Mr Mélenchon. Je pense qu’il est dangereux de jouer avec les frontières en Europe. Je pense que je préfère la démocratie américaine à la démocratie russe. Même si l’Amérique a élu Trump, elle a aussi montré qu’il y avait des contre-pouvoirs puissants et que celui-ci n’a pas les pleins pouvoirs. La démocratie russe ressemble plus à une dictature. Quant à la réaction « impulsive » de Trump contre la base aérienne dont sont parties les frappes chimiques en Syrie, critiquée par Mélenchon, j’estime qu’il y a parfois des réactions impulsives qui empêchent certaines escalades, toutes réactions décidées par l’ONU étant vouées au veto de la Russie sur ce dossier.
En conclusion, je pense qu’un ralliement inconditionnel de l’un vers l’autre ou un désistement de l’un en faveur de l’autre est difficile tant qu’un certain nombre de doutes ne sont pas levés.C’est pour ça qu’un désistement ou un ralliement sans conditions est exclu.

1 commentaire:

  1. Bonsoir,

    Je viens de lire avec intérêt votre message et je souhaite y apporter quelques commentaires :
    1/ Il y a effectivement une certaine concordance dans les programmes de Benoit HAMON et de Jean-Luc MELENCHON. Toutefois, je préciserai que celui de MELENCHON a été écrit et diffusé bien avant celui de Benoit HAMON ...

    2/ Sur l'Europe, il n'est pas prévu de "sortie de l'Europe" dans l'Avenir en Commun, dans pas de Frexit. Il s'agit juste d'une discussion autour de certains traités et d'une éventuelle sortie de ces traités européens. Attention aux raccourcis qui donnent donc de fausses informations.

    3/ Sur la Russie (et donc sur Poutine), il n'a jamais été question d'un rapprochement ou d'une alliance avec la Russie, comme vous laissez le sous-entendre. JL MELENCHON a été clair sur le sujet, il ne soutient aucunement la politique de Poutine.
    Vous faites une nouvelle fois un raccourci fâcheux.
    Nous devons avoir des échanges avec les Russes et les considérer comme des interlocuteurs importants et nous pas comme des alliés ou des ennemis.

    4/ Au regard des derniers sondages (même si ils ne représentent qu'une certaine vision à un instant T), je crois que le ralliement des d'un certain nombre d'électeurs de Hamon à la primaire vers Melenchon est effectif et risque de s'accentuer.
    De plus, je ne crois pas qu'Hamon sera plus rassembleur que Melenchon car un grand nombre d'électeurs de Melenchon ne voteront pas pour Hamon au 1er tour (ce qui est mon cas).
    Je ne voterai pas pour JL Melenchon parce qu'il est de Gauche, mais uniquement par rapport au programme qu'il défend.

    Bonne continuation à vous,

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